Éric Hainaut est un expert-comptable atypique. Il est le fondateur de Com’Com, un cabinet d’Expertise Comptable installé à Paris et spécialisé culture et média. Eric Hainaut connait très bien les problématiques liées aux statuts des graphistes et des photographes. Impression Graphique vous propose de faire sa connaissance (photo : Joëlle Verbrugge).
Bonjour Éric Hainaut, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Bonjour. Tout petit je trainais les expositions, les musées, les galeries d’art, les salons et passait mon temps au cinéma et devant la télévision. Je ne suis pas issue d’un milieu familial proche de la culture mais le dimanche était un jour sacré, non pas pour la religion….mais pour la culture.
Est-ce ainsi que l’on devient Expert-Comptable ?
Pas du tout ! En fait, j’aurais voulu travailler dans le cinéma ou la publicité mais le milieu modeste d’où je suis issu ne m’a pas permis d’accéder à ce type d’étude. Comme beaucoup d’étudiants qui ne savaient pas trop quoi faire je me suis retrouvé en BAC comptabilité….. et là, ça a été le déclic. J’ai tout de suite adoré la comptabilité (eh oui cela existe !) et j’ai pu continuer par un BTS Comptabilité et Gestion des Entreprises.
Mais pour devenir expert-comptable, le parcours est encore long ?
Oui effectivement ! Pour commencer, je suis entré dans le monde du travail et pour soigner ma frustration professionnelle d’origine, je n’ai sélectionné que des entreprises du secteur de la communication et de l’audiovisuel. Dix années après mon parcours était riche d’une agence de publicité, d’une agence d’évènementiel et de marketing direct, d’une agence de création graphique et d’une toute dernière expérience chez un gros producteur et éditeur de film (catalogue Disney, France Télévision, film Basic Instinct).
C’est une bonne façon de conjuguer comptabilité et culture & média, mais comment vous est venue l’idée de Com’Com ?
Par accident ! En fait nous avons, dans ma dernière expérience professionnelle, perdu le budget Disney et l’entreprise a été liquidée. J’ai repris mes études de comptabilité pour devenir expert-comptable…. ce que j’ai fini par devenir. Et puis tout s’est enchainé rapidement. Fort de mes 10 années professionnelle en entreprise, j’ai fondé le cabinet d’expertise comptable Com’Com, le tout premier cabinet spécialisé Culture & Média.
Aujourd’hui le cabinet a près de 15 années d’existence, quel bilan en tirez-vous ?
Les chiffres et la réputation du cabinet parlent d’eux même. Nous sommes 5 associés, près de 1000 clients, 300 freelances inscrits auprès de la Maison des Artistes ou de l’Agessa, et nous établissons près de 18000 payes d’intermittents du spectacle par an. Depuis 2 ans, organisations professionnelles culturelles nous demandent pour des interventions (syndicats, régions, écoles…).
Revenons-en à ce qui intéresse nos lecteurs. Quels sont les différents métiers que vous gérez ?
La liste est longue, c’est pour cela que nous utilisons le terme Culture & Média, mais nous pouvons isoler plusieurs groupes :
– les freelances relevant de la Maisons Des Artistes ou de l’Agessa (illustrateurs, graphistes, photographes, peintres, sculpteurs, web designer… ),
– les galeries d’arts,
– le secteur de la communication (publicité, évènementiel, marketing, web agency… ),
– le spectacle vivant (salles de spectacles, tourneurs, producteur, compagnies… ),
– l’audiovisuel (producteur, post-production, distributeurs…. ).
Comme vous le voyez le spectre est large mais en fait les problématiques sont souvent identiques.
Parlons justement des problématiques communes. Quelles sont-elles ?
Les différents modes de rémunération (cachet, honoraires, droits d’auteurs… ), des lois pas très claires sur les problématiques liées au monde de la culture, beaucoup de “légendes urbaine”, des exceptions fiscales et sociales mal maitrisées, des particularités comptables et le tout chapeauté par une clientèle “complexe et paradoxale” !
Qu’est-ce qu’une clientèle complexe et paradoxale” ? Que leur offrez-vous ?
Ils sont à la fois loin de nos préoccupations, mais exigeants, ils ont l’air de ne pas s’intéresser à tout cela mais ont besoin de comprendre et d’être accompagnés. Enfin, ils ne sont pas toujours disponibles mais exigent que nous soyons très réactifs. En fait, ils nous demandent d’avoir la Culture de l’Expertise et l’Expertise de la Culture…. mais nous nous soignons ! En fait tout ceci nous apporte de grandes satisfactions car au quotidien il est très enrichissant de travailler avec les acteurs majeurs de la Culture et des Médias.
Au quotidien, c’est la comptabilité qui nous occupe, les déclarations de TVA, l’établissement des payes… et en fin d’année l’établissement des bilans, que ce soit celui d’une activité BNC (freelances), celui d’une association ou celui d’une entreprise commerciale…. le tout ponctué de questions dans tous les domaines pur lesquels nous essayons d’être le plus réactif… mais 10 ans en entreprise et 15 ans de cabinet nous assurent une maitrise dans de nombreux domaines.
Quelle est la part de graphistes/photographes dans votre clientèle ?
Entre nos clients freelances et sociétés nous sommes un peu près à 50/50. Cela nous permet de bien comprendre la problématique des freelances vis à vis des sociétés et inversement. Les graphistes et les photographes sont vraiment prépondérants dans la partie freelance.
Souvent les artistes auteurs dont font partie les graphistes imaginent que les solutions les plus simples sont les meilleurs (Micro BNC ou auto-entrepreneur). Ces solutions arrangent plutôt l’état mais ne sont pas optimisées pour l’indépendant (frais réels, récupération de la tva… ). Il s’agit, en venant nous rencontrer, d’être mis sur « des rails » (gratuitement pour ce premier rendez-vous car c’est l’usage chez les experts-comptables) et de comprendre que nous pouvons leur apporter beaucoup car nous ne sommes pas un simple service d’enregistrement mais un service d’information. Et puis imaginez le temps que nous passons sur un dossier par rapport au temps qu’ils passeraient… L’optimisation et la sécurisation sont également là !
Vous avez exposé dans les locaux de Com’Com les Petites Métamorphoses et autres détours poétiques de l’artiste Cédric François. Est-ce une initiative que vous allez renouveler ?
C’est quelque chose que nous faisons de façon irrégulière (par manque de temps) mais qui nous tient à cœur. Souvent les artistes ont du mal à exposer dans des galeries car ils n’ont jamais exposé avant. Nous leur offrons cette chance car il y a beaucoup de passage chez nous et en plus nos locaux changent régulièrement de décoration régulièrement grâce à cela.
Quel est l’avenir du cabinet Com’Com ?
Le secteur Culture & Média bouge. Nous devons bouger avec lui ! Le secteur de la musique a été complément bouleversé, le cinéma est en pleine mutation, les galeries d’art souffrent, les auto-entrepreneurs ont révolutionné le secteur et les subventions disparaissent. Il nous faut nous adapter vers plus de conseils, moins de technique et ne pas louper le passage du “tout en ligne” (dématérialisation des prestations comptables). Depuis un an nous avons également mis en place des formations sur le choix de structures dans le secteur culturel (avec Les journées de la création d’entreprises) auprès des écoles Culture & Média. Nous sommes présents sur de nombreux salons où nous animons des ateliers tels que le salon de la photo avec un atelier sur les différents statuts des photographes, ou encore le salon SATIS sur comment devenir employeur dans l’audiovisuel… ).
Le dynamisme vous caractérise… Où peut-on suivre toute votre actualité si chargée ?
Beaucoup sur les réseaux sociaux : Facebook, Viadéo, LinkedIn, Bepub… et le site du cabinet. Je communique partout sur l’actualité du cabinet mais surtout je publie de nombreuses fiches pratiques offertes à nos lecteurs.
Eric Hainaut, nous vous remercions pour cette longue interview qui nous a permis de mieux vous connaître, de mieux connaître le cabinet d’Expertise Comptable Com’Com et de mieux comprendre vos différentes compétences et interventions dans le secteur des métiers artistiques, de la communication, du spectacle et de l’audiovisuel. Pour nos lecteurs, le mot de la fin ?
Avec Marseille, Capitale Européenne de la Culture, j’officialise le mariage de la Culture et des Médias avec l’Expertise Comptable !